Je suis une grosse vache dégueulasse. Décidément, je suis un tas de graisse et je ne pourrai pas me mettre en maillot de bain cet été si ça continue. J'ignore si c'est la perspective de le voir bientôt et qu'il puisse me trouver grosse (ou même "normale" ce qui est aussi grave en un sens car les garçons mentent quand ils disent ça). J'ai envie qu'on me trouve de nouveau fine voire maigre.

Je suis dépitée, hier j'ai cru que je n'arriverai jamais à m'endormir tellement je me sentais obèse. Je frappais mon ventre avec mes poings fermés, j'essayais de ne pas pleurer pour ne pas ressembler davantage à un petit veau.

Je suis ignoble et si je ne perds pas dix kilos, je meurs sur place.

Je veux retrouver mon corps préféré. Je veux être parfaite. Il faut que j'y arrive.

La semaine est achevée. Ca y est, c'est enfin le moment que j'aime le plus. J'enlève mon jean, j'enfile un pantalon d'intérieur et je glisse mes chaussons à mes pieds. J'attache mes cheveux, je me démaquille. Je m'étire, je bois un verre de lait et j'écoute Chopin.

Il me reste beaucoup de travail à abattre, mais quel plaisir d'être enfin seule face à soi-même et de vivre à son rythme.

Je pense à lui. Il s'apelle Sylvain, et quand j'y pense, sans cesse, il me semble que c'est le plus beau prénom du monde.

Je suis un peu amoureuse, et fourbue aussi. Et décidément, Chopin, je l'aime à la folie.

Je pense à lui. Je ne devrai peut être pas, après tout ça fait si peu de temps que je l'ai avoué, que je l'ai reconnu: je n'aime plus M. J'ignore même si nous resterons amis. Je vais aller courir pour m'occuper.

Pourquoi est il si merveilleux? Comment sa voix arrive-t-elle à ce point à m'apaiser lui qui n'était il n'y a de cela que trois jours, un parfait inconnu? J'ai tant à lui apporter et il semble que ça soit réciproque.

Je sais qu'il pense à moi, j'ignore de quelle manière. Il aime la philosophie, la poésie et la musique classique. Il aime aussi la musique tzigane, ce qui fait écho au bourdonnement de mon sang.

Il veut voyager. Je veux voyager avec lui. J'aimerai qu'il m'accompagne à Prague. Je ne sais plus très bien où j'en suis. Je ne sais pas comment dire... Je considère notre rencontre comme un immense présent du hasard.

Dis moi mon coeur pourquoi bats-tu?

Boire un trois litres d'eau par jour. Fumer un paquet de cigarettes. Se restreindre sur la bouffe de peur d'avoir l'air d'une vache cet été. Faire du sport, de la gym au sol. Prendre des postures de pétasse, en écoutant Chopin. Penser que je vaux mieux que ça. Penser à elle, que j'ai le sentiment d'avoir laisser au bord de la route. Ma toute petite, mon coeur. J'aurai jamais du écouter les personnes "bien intentionnées" qui m'ont dit de t'oublier, que nous deux on n'irait jamais mieux si on restait ensemble. Je m'en veux, je suis trop nulle, tu vois.

Pouquoi j'écris ça, tu me liras surement plus jamais. Et peut être même, il est trop tard.

Tu sais, je ne l'aime plus. On est plus ensemble lui et moi, je crois bien que cette fois, c'est pour de bon, c'est fini.

J'ai rencontré un autre type, il est vraiment sensas'. Il compose des concerto pour pianiste épileptique, il lit Rilke et je crois bien qu'il me manque quand je ne suis pas au téléphone avec lui.

Je crois que je suis paumée sans toi. Il faut que je te retrouve.